Facebook : une introduction en Bourse gonflée ?

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L'AMF américaine a ouvert une enquête sur la mise en vente des actions du réseau social.

Facebook et les banques qui encadraient son lancement boursier ont-ils trompé les investisseurs ? La question est directement posée par la Securities & Exchange Commission  (SEC). Le gendarme de la Bourse américaine a annoncé mercredi qu'il ouvrait une enquête sur l'Offre publique initiale (IPO) du réseau social, lancée sur le Nasdaq vendredi à 38 dollars l'action.

"Il y a toutes les raisons d'avoir confiance en nos marchés et en leur intégrité, mais, concernant Facebook, il y a des questions que nous devons regarder plus spécifiquement", a ainsi justifié Mary Schapiro, la présidente de la SEC, dans les colonnes du Monde qui révèle l'affaire.

Prix d'introduction surestimé 

En se concentrant sur la validité de la mise sur le marché boursier de Facebook, la SEC vise principalement Morgan Stanley. La banque d'affaires, qui se dit spécialisée dans les IPO d'entreprises technologique, se voit reprochée d'avoir considérablement surestimé la valeur d'introduction du réseau social.  

Selon des estimations d'analystes de Thomson Reuters relayées par Zdnet, "le prix d'introduction plus juste aurait dû être de 9,59 dollars", soit quatre fois moins cher que le prix finalement retenu. Ce qui fait dire à un spécialiste cité par Le Monde que Morgan Stanley a "surjoué l'enthousiasme et mal lu l'état d'esprit réel des marchés". 

A l'origine, le prix de lancement avait été fixé à 28 dollars par la banque d'affaires, avant d'être rehaussé à 34 puis 38 dollars. Mercredi, après trois premiers jours de chute libre le titre est reparti à la hausse. A 17h, il dépassait les 32 dollars.

CA 2012 inférieur aux prévisions 

Etat d'esprit mal lu, ou informations bien dissimulées ? C'est la question que tout le monde se pose dans le milieu économique. Plusieurs analystes de Morgan Stanley auraient tenté d'alerter leur hiérarchie que, d'après leur calcul, le chiffre d'affaires de Facebook serait en 2012 inférieur aux prévisions. Mêmes inquiétudes chez deux autre banques conseil du réseau social : JPMorgan et Goldman Sachs.

Le directeur financier de Facebook, David Ebersman, et Morgan Stanley se seraient ainsi mis d'accord pour que ces informations ne remontent pas jusqu'aux investisseurs... tout en informant quelques clients privilégiés de ces craintes, précise Le Monde.

Zuckerberg décrédibilisé

Pour y voir plus clair sur ces méthodes, l'Etat du Massachusetts a assigné Morgan Stanley, la tête du consortium qui a géré la mise en Bourse, pour qu'elle réponde de la façon dont elle a informé les investisseurs.

Quant à Mark Zuckerberg, il a perdu une grande crédibilité dans les places boursières. Le jeune homme aux sweats à capuche qui hérissent les financiers est moqué par ces derniers qui ne voient qu'en lui qu'un orgueilleux désireux de "dépasser les 100 milliards de valorisation".