Espagne : les épargnants perdent la mise

Des épargnants espagnols risquent de ne pas pouvoir récupérer leurs économies à cause des difficultés des banques.
Des épargnants espagnols risquent de ne pas pouvoir récupérer leurs économies à cause des difficultés des banques. © MAXPPP
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et Henry de Laguérie, en Espagne , modifié à
Ils risquent de ne pas pouvoir récupérer leurs économies à cause des difficultés des banques.

En Espagne, on l'appelle déjà "le scandale des participations préférentielles". Des milliers de petits épargnants, qui avaient acheté des produits financiers auprès de leurs banques, devraient perdre leurs économies car les établissements auxquels ils avaient fait confiance sont aujourd'hui en difficulté. Et la loi préparée par le parlement espagnol pour protéger les épargnants ne sera pas rétroactive.

Les épargnants devront partager la note

Cette affaire a éclaté au grand jour avec l'annonce du prochain sauvetage public de Bankia, la banque récemment nationalisée pour 23,5 milliards d'euros. Beaucoup de petits épargnants, clients de Bankia et d'autres banques espagnoles en difficulté, ont alors réalisé qu'ils risquaient de perdre toutes leurs économies. D'autant que le plan d'aide européen aux banques espagnoles prévoit que les détenteurs de titres des banques secourues, dont les participations préférentielles, doivent partager la charge.

José Belmonte a travaillé toute sa vie à l'usine Seat de Barcelone. En 41 ans de carrière, cet ancien contremaitre avait réussi à économiser 50.000 euros. Au moment de prendre sa retraite en 2004, sa banque lui conseille de placer son argent en achetant des "participations préférentielles" - un dépôt à haute rentabilité, autour de 7 % par an, mais très risqué.

Depuis, la crise est passée par là et la banque est incapable de rendre son argent à José. "A l'époque, ils m'ont expliqué que c'était un placement normal et sans risque. C'est l'épargne de toute une vie qu'ils m'ont volée", dénonce José sur Europe 1.

Les clients mal informés par leurs banques

Comme José, les clients n'étaient pas prévenus que les rendements dépendaient des bénéfices de la banque. Parmi les centaines de milliers d'épargnants ayant souscrit ces produits financiers toxiques figurent des retraités, des jeunes mais aussi des handicapés et des analphabètes qui ont signé leurs contrats d'une simple croix. Pedro Torres a lui aussi été abusé par le directeur de sa banque : il a perdu 30.000 euros. "Je me sens trompé, frustré. Ils ne m'ont jamais expliqué réellement ce qu'étaient les participations préférentielles. C'est une vraie arnaque donc je vais porter plainte au civil et au pénal", affirme-t-il sur Europe 1.

La justice a déjà donné gain de cause à certains plaignants. La banque Novagalicia a annulé un contrat signé par un client, jugeant que l'information qui lui avait été fournie était "insuffisante, fausse et inadéquate" sur ces titres très complexes, et l'a condamnée à rembourser 7.560 euros. Mais les collectifs de clients floués exigent une solution globale : l'annulation des contrats signés et la restitution de toutes les pertes financières.

Pas de modification rétroactive

Une loi doit réformer la vente de ces titres à risque. Mais les petits porteurs déjà floués ne devrait pas en profiter car le texte ne s'appliquera que pour l'avenir. Les petits épargnants vont devoir partager les pertes des banques espagnoles bénéficiant du plan d'aide européen.