Energie: "nous ne sommes pas alliés à l'UMP"

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LE POINT DE VUE DE - La sénatrice communiste Mireille Schurch justifie la fronde contre la loi énergie.

Les observateurs parlent de "coups parlementaires". Le sénat a adopté dans la nuit de mardi à mercredi une motion d'irrecevabilité au sujet du projet de loi sur la tarification progressive de l’énergie (PPL). Le texte, élaboré par le socialiste François Brottes, devient le premier projet soutenu par le gouvernement à être retoqué par une chambre du Parlement.

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Il faut dire qu'il a trouvé sur sa route une opposition inattendue. Les sénateurs communistes, à l'origine de la motion d'irrecevabilité, se sont alliés à leurs collègues de l’UMP et du centre. Le PS n'étant pas majoritaire au Sénat, cette motion a été votée.

>>> Qu'est-ce qui a entrainé une telle alliance contre-nature? Europe1.fr a demandé à Mireille Schurch, sénatrice du groupe Communiste républicain et citoyen (CRC) spécialiste des questions d'énergie.

Schurch copie

© Capture d'écran Senat03.fr

Que reprochez-vous à ce texte?

En plus d'être peu compréhensible, il est injuste. Il instaure un malus pour ceux qui gaspilleraient de l'énergie. Or, une immense majorité des ménages qui gaspillent ne peuvent pas faire autrement. Je pense aux familles modestes qui n’ont pas toujours les moyens de procéder aux travaux d’isolation de leur habitation. Je pense aux familles nombreuses dans un petit appartement, aux nounous qui gardent beaucoup d'enfants ou encore aux handicapés et aux personnes âgées qui ont besoin de faire fonctionner leurs équipements.

Leur imposer un malus, ce serait comme faire payer plus cher un timbre poste qui voyagerait sur plus de distance, ou d'augmenter le prix de la consultation d'un patient qui va souvent chez le docteur.

L'auteur du texte, François Brottes, explique pourtant qu'il faut tenir compte des critères comme le nombre d'habitants, le mode de chauffage ou la qualité de l'isolation thermique…

Peut-être mais le texte ne tient pas compte de tout ça! Il n'évoque que la situation géographique des logements. Or il y a des milliers de critères et le principe d'une loi, c'est qu'elle ne peut pas tenir compte de tous les cas particuliers. François Brottes explique que celui qui paiera n'est pas nécessairement celui qui consommera le plus, mais celui qui consommera pour de bonnes raisons. Mais pour cela, il faudrait faire du cas par cas, en demandant à chaque ménage de déclarer l’état de leur logement. Or les équipes de Bercy nous expliquent qu'elles n'y arriveront pas, qu'elles ne sont pas préparées pour ça.

Bandeau ampoule

Le problème de ce texte c'est qu'il commence par la fin. Avant d'instaurer un malus, c'est-à-dire une sanction financière, il y a de nombreuses étapes à passer. Il faut, d'abord, établir un diagnostic énergétique fiable dans chaque logement. Puis conseiller chaque habitant sur la manière d'améliorer sa consommation et, enfin, résoudre la question du financement. C'est pourquoi nous proposons la création d'un service public de la performance énergétique.

Vous réjouissez-vous d'une alliance avec l'UMP?

Le groupe CRC ne s'est pas allié au centre et à la droite! Lorsqu'on a déposé notre motion, on ne savait pas que l'on aurait son soutien. La droite a ses raisons, qui sont, je pense, davantage politicienne. Nous avons des arguments qui portent sur le fond. Je dis d'ailleurs au gouvernement : venez discuter! Nous ne somme pas dans la gauche gouvernementale. Mais nous sommes tout de même dans celle qui a conduit François Hollande au pouvoir. C'est dommage que l'on commence à nous écouter uniquement dès que l'on dépose une motion d'irrecevabilité.