En Italie, la gauche va privatiser à tout va

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Alexis Toulon
Loin d’agiter le chiffon rouge, le gouvernement d’Enrico Letta s’apprête à renouer avec la libéralisation de l’économie italienne. 

La gauche nationalise quand la droite privatise. Cette vision de l’économie est une image d’Epinal bien éloignée des réalités, particulièrement au moment où la crise de la dette fait trembler les gouvernements. L’Italie d’Enrico Letta a besoin d’argent frais. Afin de trouver 22 milliards d’euros sur trois ans, le Parti démocrate (centre gauche), va relancer un programme de cession d’une partie de ses avoirs dans de grandes entreprises publiques, révèle Les Echos.

De telles mesures n’avaient pas été prises dans la péninsule depuis sept ans, sous Romano Prodi, l’ancien président du Conseil, lui aussi de gauche et remplacé par le très droitier Silvio Berlusconi, qui a stoppé les privatisations.

Une crise de la dette sans précédent. L’économie italienne va mal et a besoin de relancer son activité économique. Toutefois, elle ne peut pas creuser plus dans ses déficits : sa dette publique atteint 133,3% du PIB, un record pour le pays. Le Trésor va donc chercher à vendre pour 7,5 milliards d’euros par an de participation de l’Etat dans différentes entreprises pour remplir ses caisses.

Les entreprises concernées. L’Etat italien est présent dans le capital de nombreuses entreprises. Le Comitato delle privatizzazioni (comité de la privatisation), créé en 1993 et relancé pour l’occasion, devrait proposer la cession des 4,3 % possédés par le Trésor dans le groupe pétrolier ENI (la Caisse des Dépôts conservant 25,7 % du capital), au court actuel, cela représente 2,8 milliards d’euros. Le réseau de transport d’électricité devrait aussi être touchée (4,9% de Terna), les chantiers navals Fincantieri, la poste (la branche assurance vie, Poste Vita, de Posta Italiane) ou encore la télévision (la RAI).

Les entreprises épargnées. Le gouvernement Letta veut toutefois protéger une partie de ses avoirs. Il exclut à court terme la cession de ses participations dans Finmeccanica, le groupe spécialisé dans la défense et l’aérospatial, détenu à 30 % par le Trésor, ou l'électricien Enel.

Les dangers de la privatisation. Les principales sources d’inquiétude des investisseurs et des agences de notation envers l’Italie ne se limite pas à sa capacité à industrielle. Ils pointent l’instabilité politique, chronique dans la péninsule depuis les élections générales de février 2013. Or, le gouvernement Letta n’a pu être formé qu’au prix d’une grande coalition en avril 2013. Le rejet par une partie de la gauche de certains points de ce projet, notamment la privatisation partielle des Postes, pourrait raviver la flamme de l’instabilité politique. Ce qui fait trembler les marchés.  

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