Croissance : la France au point mort

La France devrait échapper à la récession en 2012 mais la maigre croissance de 0,2% attendue ne sera due qu'à l'acquis accumulé à la fin de l'an passé, estime l'Insee, ce qui augure mal des perspectives pour 2013.
La France devrait échapper à la récession en 2012 mais la maigre croissance de 0,2% attendue ne sera due qu'à l'acquis accumulé à la fin de l'an passé, estime l'Insee, ce qui augure mal des perspectives pour 2013. © Max PPP
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Olivier Samain et , modifié à
Elle pourrait enregistrer cinq trimestres consécutifs de croissance nulle, pronostique l'Insee.

La France continue de flirter dangereusement avec la récession, sans jamais vraiment franchir le pas. C'est ce que révèle l'Insee jeudi soir, en prédisant que la France va continuer d'avoir une croissance zéro pour les deux derniers trimestres de l'année 2012.

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Si ces prévisions se confirment – elles sont susceptibles d'évoluer d'ici la fin de l'année – la France aura enregistré cinq trimestres consécutifs de croissance nulle. "On ne peut plus logique", explique-t-on du côté de l'Insee, puisque les trois moteurs traditionnels de la croissance sont en panne.

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La France mieux lotie que la zone euro

"Le commerce international d'abord, qui pâtit du ralentissement des pays émergent et de l'atonie des pays développés. L'investissement des entreprises, ensuite, qui peine à trouver des débouchés. Et, enfin, le pouvoir d'achat des ménages, qui pourrait reculer de 0,5% en 2012", explique au micro d'Europe1 Cédric Audenis, chef du département de la conjoncture à l'Insee.

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© REUTERS

La croissance française côtoie le néant mais reste stable, contrairement à la zone euro qui ne cesse de reculer depuis huit mois. L'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P) vient même de revoir ses prévisions à la baisse pour l'union monétaire, et prédit même une récession de 0,8% pour 2012, à cause de l'enfoncement des économies espagnole et italienne et du ralentissement allemand.

L'objectif du gouvernement tenable... en 2012

"Les destructions d'emplois en France ne sont pas aussi nombreuses que pourrait le laisser penser la situation", avance l'Insee, pour expliquer pourquoi  la France semble moins souffrir que ses voisins. "Par ailleurs, l'investissement souffre mais ne plonge pas. Et la baisse du pouvoir achat ne se répercute pas car les Français puisent dans leur épargne", poursuit l'institut.

Les prévisions de croissance pour 2012 du gouvernement, sur lesquelles il se base pour mettre en place son "budget de combat", présenté la semaine dernière, sont-elle tenables? Possible, affirme l'Insee. Le gouvernement table sur 0,3% pour cette année. Or, avec "l'acquis de croissance", cet élan de croissance obtenu au début de l'année,  l'objectif est atteignable.

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L'acquis de croissance pour 2013 serait toutefois nul, ce qui risque de compliquer la tâche du gouvernement qui a aussi bâti son projet de budget sur une prévision de hausse de 0,8% du PIB, un niveau nettement supérieur au consensus des économistes (+0,4%). "Avec 0% de croissance aux deuxième, troisième et quatrième trimestres, ça ferait un acquis pour 2013 égal à 0%, donc la croissance 2013 ne se fera qu'en 2013", a souligné Cédric Audenis. A ce stade, "il faudrait 0,3% de croissance trimestrielle durant toute l'année 2013 pour arriver à une moyenne annuelle de 0,8%".