Crise : la France prête à exploser ?

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Sophie Amsili , modifié à
The Economist consacre son prochain numéro à "la bombe à retardement au cœur de l'Europe".

Une demi-douzaine de baguettes fagotées dans un large ruban bleu-blanc-rouge. Du sommet de l'une d'elles s'échappe une mèche qui se consume. Tel un paquet de dynamite, la France est prête à exploser, laisse entendre cette image qui fait la Une de l'hebdomadaire britannique The Economist à paraître le 17 novembre. Et si l'illustration ne suffisait pas, le titre enfonce le clou : "La bombe à retardement au cœur de l'Europe. Edition spéciale de 14 pages sur la France".

La situation économique de la France inquiète à l'étranger, et  l'influent The Economist le fait savoir, emboitant ainsi le pas à la presse allemande. "Hollande sans boussole", titrait ainsi il y a quelques jours le quotidien conservateur Die Welt.  Peu avant, le tabloïd Bilds'interrogeait carrément : "La France va-t-elle devenir la nouvelle Grèce ?"

Des réformes "trop tardives et insuffisantes"

The Economist avait déjà décrit un pays en plein "déni" de la crise pendant la campagne présidentielle. Cette fois, "le gouvernement a semblé devenir plus réaliste sur la gravité de la situation et comprendre la nécessité de réforme", reconnaît le journal, mais, ajoute-t-il, "on peut craindre que ces récents changements d'orientation soient trop tardifs et insuffisants".

"Ni M. Hollande ni M. Ayrault ne semblent être le genre de leader suffisamment courageux, capable d'imposer des réformes à l'encontre d'une opposition généralisée", souligne encore l'hebdomadaire. La conclusion est sans appel : "La France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne" et "la crise pourrait frapper dès l'an prochain".

Et si la Une de The Economist ne faisait que mettre de l'huile sur le feu ? L'hebdomadaire s'en défend : "Cette Une et cet article ont pour objectif d’encourager la France", assure le rédacteur en chef Europe, John Peet, dans un entretien à 20 minutes. "Nous avions été bien plus agressifs avec l’Italie il y a quelques temps", fait-il remarquer, et "nous pourrions aujourd’hui dire la même chose de la Grande-Bretagne mais elle ne fait pas partie de la zone". La France, en tant que "pays clé pour l’avenir de la zone euro", n'échappera donc pas à l’œil intraitable du journal.