Crise de l’UE : le pire est derrière nous ?

Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, retrouve le sourire : il estime que son action devrait porter ses fruits prochainement.
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, retrouve le sourire : il estime que son action devrait porter ses fruits prochainement. © REUTERS
  • Copié
, modifié à
La BCE juge que son action commence à porter ses fruits et veut même stimuler la relance.

Grèce, Italie, Espagne et désormais le Royaume-Uni : mercredi, Londres a officiellement rejoint la trop longue liste des pays de l’Union européenne en récession, alors que le pays s’en sortait jusqu’à présent plutôt mieux que ses voisins. Cette mauvaise nouvelle risque de relancer l’épineux sujet de la crise de la dette en Europe. Pourtant, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi l’assure : le bout du tunnel est (peut-être) proche.

RAPPEL DES PRÉCÉDENT ÉPISODES

La planche a billet pour bouée de sauvetage. Constatant que les banques ne se font plus confiance et que toutes craignent d’être entraînées par une faillite grecque, la BCE se décide fin 2011 à injecter des liquidité dans le système bancaire. En clair, elle fait tourner la planche à billet pour prêter aux banques dans des conditions très avantageuses.

Un effet immédiat puis… Grâce à cette injection de liquidités,la BCE espérait que le système bancaire allait se décrisper. C’est effectivement le cas mais avant tout pour des raisons psychologiques : la BCE montre pour la première fois qu’elle peut faire preuve de volontarisme. Rassurées et disposant de nouvelles réserves d’argent, les banques peuvent recommencer à prêter aux Etats, aux collectivités territoriales et aux ménages.

… c’est le statu quo. Si le système bancaire a été consolidé, les banques ont opté pour la prudence, d’autant qu’elles vont devoir appliquer de nouvelles règles comptables à partir de 2013. Dès lors, elles se montrent beaucoup plus sélectives dans leur politique de prêts : sur les 131 instituts de crédit interrogés par la BCE, 35% ont durci leurs conditions de crédit au quatrième trimestre 2011. Résultat, fin avril, si l’action de la BCE a rassuré et soutenu  les banques, elle n’a pas relancé l’activité et donc la croissance.

LES RAISONS D’ESPÉRER

Pas de nouvelle action de la BCE nécessaire. C’est en soi  une bonne nouvelle : l’action de la BCE a permis aux banques de sortir la tête de l’eau, si bien qu’un nouveau plan de sauvetage n’est pas nécessaire. Les banques ont fait le plein d’argent aurpès de la BCE et elles sont désormais bien plus vigilantes dans leurs prêts.

L’offre et la demande se sont équilibrées. Consolidées, les banques ont néanmoins durci leurs conditions de financement, dissuadant une partie des demandeurs de prêts. En face, les possibles emprunteurs ont de toute façon opté pour la même prudence. Sur les trois premiers mois de l’année 2012, la demande de crédit des entreprises a chuté de 30% , tout comme celle de prêts immobiliers (-43%) et celle du crédit à la consommation (- 26%).

Si ce "resserrement du crédit" ne favorise pas la croissance, il a une vertu : l’offre et la demande se sont équilibrées. Résultat, l’éclatement d’une nouvelle bulle financière est écartée et les banques arrêtent de durcir leurs conditions de prêt.

La BCE parle désormais de croissance. Si la BCE a été prise à partie durant au cours des derniers mois, c’est essentiellement en raison de son comportement. Historiquement, la BCE ne se préoccupe que de l’inflation, c’est-à-dire de la stabilité des prix, et non de la croissance. Mais face à la multiplication des plans de rigueur, la zone euro risque d’handicaper son redémarrage. Conscient du risque, le président de la BCE, Mario Draghi, a (légèrement) changé de ligne de conduite et prône désormais un peu de relance.

"Nous avons un pacte budgétaire (...) nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance", a ainsi lancé mercredi Mario Draghi. Une véritable révolution, reste à savoir de quelle relance la BCE parle : il s'agit de réformes structurelles au coût social élevé, et non d'une relance de type keynésienne, au coût financier tout aussi risqué.