Chômage : l'objectif de Rebsamen est-il réaliste ?

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EMPLOI - Le ministre du Travail s’est fixé pour objectif de repasser sous la barre des 3 millions de chômeurs d’ici la fin du quinquennat.

La déclaration. "Il y en a 3.349.000 aujourd'hui, il faut que, quand nous arriverons vers la fin de ce quinquennat, il y ait moins de 3 millions de chômeurs", a martelé François Rebsamen, mardi sur Radio Classique et LCI. Une déclaration pour le moins hasardeuse quand on se souvient des effets et des attentes suscités par la déclaration de François Hollande sur l'inversion de la courbe du chômage.

Le cap : 10.000 chômeurs en moins par mois. Le ministre du Travail se donne donc trois ans pour passer de 3,35 millions de demandeurs d’emplois à 3 millions. Soit une baisse moyenne du chômage de 10.000 personnes inscrites en catégorie A chaque mois. On ne peut qu’espérer un tel scénario mais les vents soufflent en direction opposée. 

Notre rythme actuel : +19.400 par mois. Depuis que François Hollande est aux commandes de l’Etat, le nombre de demandeurs d’emploi est passé de 2,92 millions à 3,35 millions (catégorie A). La France a donc recensé en moyenne 19.400 chômeurs supplémentaires chaque mois. Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, les compteurs étaient également dans le rouge avec en moyenne 12.450 chômeurs supplémentaires chaque mois. La France est donc depuis sept ans très éloignée d’un rythme de croisière de -10.000 par mois.

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Le handicap majeur : une faible croissance. Repasser sous la barre des 3 millions de chômeurs est d’autant plus compliqué que la croissance n’est pas encore au rendez-vous. Or, les économistes s’accordent pour estimer que la France ne commence à créer des emplois qu’à partir d’une croissance minimum de 1,2%. Problème : dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee estime que la croissance française atteindra 0,1% au premier trimestre, puis 0,3% au second. La Banque de France ne dit pas autre chose en prévoyant 0,2% de croissance pour chacun des deux premiers trimestres.

Bref, à moyen terme, on est encore loin des 1,2%. Même si à plus long terme, le gouvernement table sur une croissance de 1% en 2014 et de 1,7% en 2015 tandis que la Commission européenne prévoit respectivement 1% puis 1,5%.

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L’handicap supplémentaire : la fin des contrats aidés. Déjà pas aidé par la faible croissance, le gouvernement va en outre devoir gérer la fin des contrats aidés. Près de 100.000 emplois d’avenir ont été signés en 2013, et 50.000 autres devraient être signés en 2015. D’une durée moyenne de 26 mois, selon les chiffres du quotidien Les Echos, le premier volet d’emplois d’avenir prendra fin au printemps 2015. Soit 100.000 potentiels demandeurs d’empois supplémentaires dans le courant de l’année. Et 50.000 autres en 2016. A défaut d’un rebond de la croissance, et d’un départ massif à la retraite des "baby boomers", le pari de François Rebsamen s’avère des plus risqué. La dernière fois que la France était sous la barre des 3 millions, c'était en septembre 2012.

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