Auto : les assurances saisissent l’occasion

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avec Carole Ferry et Emilie Nora , modifié à
ENQUETE - Réparer une voiture avec des pièces d’occasion coûte bien moins cher.

Les compagnies d’assurance le constatent mois après mois, leurs clients sont de plus ne plus regardant à la dépense. Or, les tarifs des pièces détachées ne cessent de bondir depuis plusieurs années, rendant le prix des réparations parfois prohibitif.

Certains assureurs testent donc une nouvelle solution : l’usage de pièces détachées d’occasion. Une piste qui réduit la facture et semble convaincre les assurances, tout en s’attaquant au monopole des constructeurs automobiles.

Les pièces détachées, jackpot pour les constructeurs

Si les assureurs automobiles s'intéressent tant aux pièces détachées, c’est que ce secteur a connu une forte inflation : le prix des pièces détachées neuves a bondi de 30% en 5 ans, une hausse répercutée sur le tarif des primes d'assurance.

Le 22 mars dernier, l'association de protection des consommateurs, UFC-Que choisir a dénoncé cette inflation permise par un manque de concurrence. A titre d’exemple, les pièces détachées ne représenteraient que 13% du chiffre d'affaires de Renault, mais elles constitueraient 31% du bénéfice de l'entreprise.

Poitou-Charentes et Rhône-Alpes testent l’occasion

Pour ne pas attendre une hypothétique concurrence qui ferait baisser les prix, les assureurs auto envisagent donc le recours à des pièces détachées d’occasion, qui sont au moins deux fois moins chères. Pour vérifier que le système est fiable, la MAIF teste actuellement cette procédure en Poitou-Charentes et la Macif en Rhône-Alpes.

Neuf fois sur dix, le client accepte et bénéficie en retour d’une réduction de 30 euros sur sa franchise de 180 euros. Dans un garage de Rhône-Alpes, Liane, 50 ans de permis, est ravie d’avoir ainsi pu sauver sa Citroën ZX bleue, refaite comme neuve grâce à cette alternative. Si elle avait du recourir à des pièces détachées neuves, le prix des réparations aurait dépassé la valeur de sa voiture. "C’est une bonne chose d’avoir pu la faire réparer. Je l’aime bien, ça m’aurait fait de la peine de la mettre à la casse", se réjouit-elle.

Pas de pièce au rabais

Principal obstacle à l’usage de pièces d’occasion : la fiabilité et la sécurité. Mais les pièces d’occasion utilisées ne sont pas hors d’usage, loin de l’image qu’on peut avoir des anciennes casses automobiles où s’accumulent des épaves rouillées.

Dans les casses de nouvelle génération, toutes les pièces d’occasion utilisées sont démontées dans des ateliers, testées et même garanties 1 an. Didier Richaud qui dirige Caréco, le premier réseau de pièces détachées d'occasion, refuse donc qu’on parle de pièces automobiles au rabais.

"Toutes nos pièces de réemploi sont labellisées par notre réseau, qui est lui-même certifié Qualicert et Iso. Il faut que le grand public le sache. Notre offre est une vraie alternative économique", martèle-t-il dans une interview accordée au site Internet Décision Atelier.

Un essai bientôt généralisé ?

Si ce dispositif marche, les assurés pourraient même voir apparaître une nouvelle clause sur les contrats qui imposera de facto la réparation avec des pièces d'occasion. L'écart de prix est en effet très important : pour une Twingo année 2000, l'aile avant est vendue 100 euros d'occasion, contre 330 pour une aile neuve. Pour un phare, la facture passe de 35 euros en occasion à 136 euros pour une pièce neuve.

Toutes ces pièces d'occasion sont disponibles sur Internet, dans certains centres, vous pouvez même les faire poser sur place. Sinon, la plupart des casses automobiles proposent aussi des adresses de garagistes qui acceptent de ne compter que la main-d'œuvre.