Alcatel-Lucent : "Oui, cette entreprise peut disparaître"

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Michel Combes, directeur général d’Alcatel-Lucent, est revenu sur les déboires du spécialiste des télécoms.

Michel Combes, directeur général d’Alcatel-Lucent, ne l'a pas caché mardi matin sur Europe 1 : "Oui, cette entreprise peut disparaître. Cette entreprise n’a pas gagné d’argent depuis 2006 et la fusion entre Alcatel et Lucent. Cette entreprise perd entre 800 millions et 1 milliard d’euros par an, sans discontinuer".

L'équipementier en télécoms a donc annoncé le 8 octobre la suppression nette de 10.000 postes d'ici à 2015 dans le monde. En France, le groupe envisage de supprimer 900 postes dès 2014, mais aussi de fermer ou filialiser au moins cinq sites. Alors que les employés du groupe franco-américain manifestent mardi, le patron du groupe s'est expliqué sur Europe 1.

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Les raisons de l'échec d'Alcatel-Lucent. Pour comprendre comment cet ancien fleuron des télécoms français a sombré, Michel Combes a surtout pointé "des virages technologiques ratés, notamment dans le mobile avec la 3G, que l’entreprise n’a pas su négocier. Mais également un désengagement des pays à très forte croissance au moment où précisément les investissements s’effectuaient dans ces pays. Et une capacité d’innovation qui a été insuffisamment dynamisée au cours des années qui viennent de s’écouler".

Le dialogue avec les salariés est "ouvert". L'intersyndicale CFDT, CFE-CGC et CGT d'Alcatel-Lucent a appelé tous les salariés de l'équipementier en télécoms à manifester mardi à Paris pour "dire non" aux 900 suppressions de postes annoncées cette semaine. Pour le Pdg du groupe, "le dialogue social s’ouvre aujourd’hui même. Je rencontrerai les représentants de l’ensemble des organisations syndicales qui sont présentes au sein d’Alcatel-Lucent. Pour toute négociation, le temps nécessaire sera donné. Nous avons quatre mois pour discuter, négocier les modalités, le calendrier des mesures d’accompagnement de ce plan".

Et Michel Combes de poursuivre : "le plan fixe des objectifs qui sot indispensables à la survie de l’entreprise mais il peut évidemment être amélioré. C’est l’objet du dialogue social qui débute aujourd’hui. Les objectifs doivent être réunis pour sauver l’entreprise. Par contre, les modalités, le calendrier, les mesures d’accompagnement de ce plan sont bien entendu au cœur des discussions".

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Que peut faire l'Etat ? Le patron du groupe s'est montré plutôt satisfait de l'action de l'Etat pour l'instant. "Je salue les mesures sur le crédit impôt-recherche ou l’annonce des filières d’excellence et notamment sur les télécoms, que le président a fait", a précisé Michel Combes. Avant de présenter ses doléances pour la suite : "l’Etat peut prendre des mesures d’incitation à l’investissement dans les réseaux de télécommunications. Et des mesures d’incitations à l’innovation." Reste à convaincre les opérateurs des télécoms de s'équiper chez Alcatel-Lucent, et non chez Ericsson ou Huawei, une entreprise chinoise très agressive érigée en champion national par le régime.

Quel avenir pour Alcatel-Lucent en France ? L'entreprise s'est lancée dans une vaste réorganisation autour de deux pôles. "Je crois que l’entreprise souffre d’une dispersion de ses forces, d’une dispersion de ses sites", a souligné son dirigeant. "Ce qui nous amène aujourd’hui à avoir un nombre de sites trop importants avec une taille insuffisante, et donc qui ne nous permet pas d’assurer l’évolution de l’entreprise. Les deux principaux sites de l’entreprise de demain en France  seront en région parisienne : Villarceau, qui devient ainsi le principal site d’innovation d’Alcatel Lucent en Europe et qui place le mobile très haut débit, la 4G, et l’IP, l’Internet au coeur de ce site. Le deuxième site, c’est le berceau historique des télécommunications en France, à savoir Lannion en Bretagne".

"Mon siège restera en région parisienne mais ira à l’extérieur de Paris intra-muros", a ajouté Michel Combes, avant d'envisager un avenir qu'il espère meilleur : "dans cinq ans, Alcatel Lucent sera un groupe franco-américain avec ses centres de décisions en France. Un groupe puissant qui innove, qui se développe et qui croît".