900 usines fermées en trois ans en France

"La France compte environ 385 usines de moins aujourd'hui qu'au début de 2009", pointe Les Echos.
"La France compte environ 385 usines de moins aujourd'hui qu'au début de 2009", pointe Les Echos. © Maxppp
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avec agences , modifié à
Quelque 100.000 emplois ont été détruits, selon une étude. Et l'année 2012 s'annonce "difficile".

Alors  que le "made in France" s'est d'ores et déjà imposé dans le débat présidentiel, voilà un chiffre qui devrait alimenter le débat sur la désindustrialisation de la France. Près de 900 usines ont été fermées et quelque 100.000 emplois ont été détruits dans l'Hexagone au cours des trois dernières années, d'après une étude réalisée par l'observatoire Trendeo pour Les Echos.

L'hécatombe en 2009

Dans son étude publiée mercredi, l'observatoire relève 880 annonces de fermeture d'un site industriel depuis trois ans, dont 400 sur la seule année 2009 et 200 en 2011.  Le phénomène touche des sites emblématiques comme le sidérurgiste ArcelorMittal à Gandrange en Lorraine, que Nicolas Sarkozy avait promis de sauver, mais aussi des PME comme une usine de boîtes de conserves à Brive-la-Gaillarde en Corrèze.        

Par ailleurs, 494 nouveaux sites ont été créés sur la même période, ce qui laisse donc un solde négatif de 385 usines en moins, précise l'étude.

Enfin, l'observatoire dénombre 870 décisions d'extensions de sites industriels mais aussi 1.170 annonces de réduction d'effectifs. "Au final, entre les postes créés et ceux supprimés, près de 100.000 emplois industriels ont été perdus en France ces trois dernières années", conclut Les Echos. Interrogé par Europe1, David Cousquer, qui a piloté l'étude pour le cabinet Trendeo n'hésite pas à faire le parallèle avec les grandes vagues de suppressions d'emplois de la fin des années 70 et du début des années 80. "On renoue là avec les grandes crises dans la sidérurgie(...). On a l'impression qu'on rentre dans une période mauvaise à l'égal d'autres périodes précédentes. Par exemple, toute l'électronique grand public française a disparu dans les années 80", explique-t-il.

Pas d'amélioration en vue

Certains secteurs industriels s'en sortent toutefois mieux que d'autres. Si l'aéronautique, l'agroalimentaire et le luxe sont restés créateurs nets d'emplois, l'automobile, qui a perdu 30.000 postes en trois ans, la pharmacie, la high-tech, la chimie et la métallurgie ont subi des "saignées".

"L'année 2012 s'annonce difficile. La reprise des projets, des embauches, constatée à partir de l'été 2010 s'est interrompue depuis plusieurs mois déjà", annonce Les Echos. Le quotidien souligne que la crise de 2008-2009 a "violemment accéléré le mouvement" de destruction du tissu industriel français engagé avec le premier choc pétrolier de 1973.

Mais pour Christian de Boissieu, à la tête du Conseil d'Analyse Economique, qui conseille le Premier ministre, il faut éviter tout "fatalisme". "Même si l'industrie aujourd'hui ne fait plus que 14 ou 15% de notre production totale, il faut absolument conserver cette production là et ça implique qu'il faut se battre", a déclaré sur Europe 1 l'économiste. Ce dernier préconise donc "la mise en place d'une vraie politique industrielle au niveau français et européen", le développement des PME, pour "les conforter beaucoup qu'on ne l'a fait ces dernières années" et enfin une "redéfinition de l'application des règles du jeu avec les pays émergents".