Hopper en pleine lumière

© The Art Institute of Chicago, Friends of American Art Collection
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Le Grand Palais rend hommage au peintre américain Edward Hopper (1882-1967), à travers une rétrospective très complète. 

Edward Hopper. Son nom n’est pas sans évoquer immédiatement des images, surtout américaines a priori : quelques veilleurs sous la lumière crue, accoudés à un comptoir derrière la longue vitre d’un bar plongé dans la nuit. Et à bien regarder "Nighthawks" (1942), souvent traduit par Noctambules ou Les Oiseaux de nuit, on est devenu ce passant qui surprend ces veilleurs, au coin d’une rue d’ombre de l’Amérique.

Les lignes, l’incroyable maîtrise de la lumière (fil rouge de toute son œuvre), une certaine disproportion calculée, il y a dans le travail de Hopper quelque chose de véritablement fascinant. Une réalité si triviale et à la fois si étrange qu’elle finit par vous déranger un peu, comme si quelque chose d’insaisissable clochait, un soupçon de rêve, la touche de mystère qu’il faut pour vous séduire complètement.

Le Grand Palais a fait le choix de la chronologie pour entrer dans l’œuvre complexe de l’artiste inclassable, tour à tour enrôlé sous les bannières du romantisme, du réalisme, du symbolisme et même du formalisme. Mais les années de formation sont autant de clés pour approcher une œuvre infiniment riche : le travail auprès de son professeur Robert Henri, ses multiples séjours parisiens (Hopper était un véritable francophile), son métier d’illustrateur commercial, ou encore l’importance de la gravure dans son œuvre.

La première partie de l’exposition (1900 à 1924) est consacrée à ses découvertes et à ses influences. Ses tableaux sont rapprochés des œuvres des contemporains qui l’ont inspiré. Une mise en perspective pédagogique qui révèle les multiples correspondances et la genèse du travail d'Edward Hopper.

La seconde partie de l’exposition (1924 à 1966) s’ouvre sur le Hopper de la maturité : l’artiste "américain", reconnu par ses contemporains. L’époque la plus représentée dont "Nighthawks" (1942), constitue sans doute l’achèvement.

164 œuvres présentées

En tout, 164 œuvres sont présentées : les siennes, 128 peintures, aquarelles, gravures et illustrations, mais également les toiles qui l'ont inspiré.

Découvrez l'exposition en images

Ce qui reste, ce sont bien sûr les sujets, personnages souvent solitaires, surpris dans l’interstice d’une action à venir ou qui ne viendra pas, femmes qui lisent ou qui pensent, personnages qui s’ennuient ou qui attendent. Ce sont des lieux, la fascination de Hopper pour le théâtre, les chambres, boutiques, paysages, toute une mythologie américaine. Ce sont des titres comme autant de clins d’œil aux poètes, tel son merveilleux "Soir bleu" (1914), emprunté au vers de Rimbaud : "Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers…"

Mais c’est surtout cette éblouissante utilisation de la lumière, en réalité le véritable sujet d’Edward Hopper. Il expliqua un jour : "Je crois que l’humain m’est étranger. Ce que j’ai cherché à peindre, ce ne sont ni les grimaces, ni les gestes des gens ; ce que j’ai cherché à peindre, c’est la lumière du soleil sur la façade d’une maison."

C’est peu dire qu’il y est parvenu.

Réécoutez l'interview d'Alain Cueff, au micro de Bruce Toussaint. L'historien de l'art revient notamment sur l'extraordinaire influence de Hopper sur des réalisateurs tel que Wim Wenders, Alfred Hitchcock ou David Lynch. 

Parcours interactif

Hopper sur iPhone et iPad*

À travers neuf tableaux d’Edward Hopper ("House by a railroad", "Nighthawks", "Soir Bleu", "Gas", "Morning Sun", "New York Movie", "Two Comedians", "Office at Night", "Ground Swell"), l’application D’une fenêtre à l’autre vous permet d’approcher le travail du peintre à travers ses influences artistiques et littéraires. La Réunion des musées nationaux – Grand Palais propose en effet un nouveau livre numérique conçu spécifiquement pour l’iPhone et l’iPad.

Les multiples correspondances de l’œuvre s’éclairent grâce à des extraits vidéos de films célèbres ("Psychose", "Les moissons du ciel", "Les tueurs", "End of violence", etc.), des textes d’écrivains fondateurs (Hemingway, Thoreau, Verhaeren, Freud, Emerson, etc.) ou encore les peintures de ses inspirateurs.

L’application vous offre la possibilité d’élaborer vous-même votre propre parcours dans l’œuvre, en suivant les thématiques de votre choix. Une voix off synthétise le contenu de chaque thématique pour un parcours arborescent dans l’univers du peintre américain. En tout, l’application D’une fenêtre à l’autre donne accès à plus de 300 images d'une très haute définition (jusqu'à 30M de pixel).

*Application disponible sur App Store et Android market 2,99 € en français et en anglais

Edward Hopper, au Grand Palais, à Paris

Du mercredi 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013

Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 22h du mardi au samedi, de 10h à 20h le dimanche et le lundi.

Tarifs: 12 euros (plein), 8 euros (réduit, gratuit pour les moins de 13 ans).

Avec Europe 1