Prêts toxiques : des victimes attaquent la BNP

BNP-Paribas est accusé de n'avoir pas assez informé ses clients des risques qu'ils encourraient.
BNP-Paribas est accusé de n'avoir pas assez informé ses clients des risques qu'ils encourraient.
  • Copié
Damien Brunon et Anne-Laure Jumet , modifié à
JUSTICE - Ils accusent la banque de leur avoir vendu des prêts bien plus dangereux que ce que qu'elle annonçait.

L’INFO. La première banque privée de France est pointée du doigt pour ses méthodes commerciales. 400 emprunteurs accusent la filiale de crédit à la consommation de BNP-Paribas de leur avoir vendu un produit financier, Helvet Immo, beaucoup moins stable qu’annoncé. Des gestionnaires de patrimoine et des notaires sont également assignés. Une plainte au pénal pour pratique commerciale trompeuse a déjà été engagée.

Un piège financier. En 2008, Christophe Dejonghe, un policier de la région de Lille, emprunte 125.000 euros auprès de la banque. Aujourd’hui, alors qu'il rembourse depuis six ans, on lui demande toujours 170.000 euros.

“Quand on a une somme importante à rembourser alors qu’on ne gagne pas énormément, ça peut briser une vie, déplore-t-il.  On a essayé de joindre la BNP plusieurs fois et il n’y a eu aucun geste. Pour moi, c’est une banque complètement inhumaine.”

billets banque 930-620

© Reuters

Un mécanisme monétaire. Ils sont environ 400 clients de BNP-Paribas à se considérer victimes du produit financier. Concrètement, ils ont contracté des prêts libellés en francs suisses, mais remboursables en euros. Problème : en 2010,  le cours de la monnaie suisse s’est envolé dans le sillage de la zone euro et ces produits financiers sont devenus de petite bombes pour les épargnants.

Comportement coupable de la banque ? Ce que reprochent les emprunteurs, c’est justement de ne pas avoir été correctement avertis du caractère hautement spéculatif de ces produits financiers. “La BNP, qui est la première banque française, a choisi de commercialiser un produit qu’elle sait risqué, en le vendant comme un produit hypersécurisé”, accuse Me Constantin-Vallet, avocat des épargnants.

Selon lui, la banque n’a jamais respecté ses devoirs vis-à-vis de ses clients, notamment dans l’information des risques qu’ils prenaient, comme l’avait fait la banque franco-belge Dexia avec les collectivités territoriales.

“Lorsque les emprunteurs se sont mis à rembourser, elle s’est toujours abstenue de porter leur attention sur le fait qu’ils courraient à la catastrophe”, ajoute-t-il. En tout, les épargnants demandent à BNP-Paribas 40 millions d’euros de dommages et intérêts.

La banque BNP Paribas. 630420

© MAX PPP

Pas une action de groupe. Les 400 épargnants, qui représentent 10% du nombre de personnes qui ont contracté des prêts Helvet Immo, ont donc décidé d’attaquer la banque au travers d’un même cabinet d’avocat.

Ils n’ont néanmoins pas utilisé la nouvelle procédure des actions de groupe (class action). Pour cela, il aurait fallu qu’ils se soient regroupés dans une association. Cela dit, chacun des cas sera traité par le même tribunal.

Pas de faute selon la banque. BNP Paribas Personnal Finance, la filiale pointée du doigt réfute de son côté toutes les accusions. "Nous contestons tous les griefs qui nous sont reprochés. Il n'y a pas eu de pratique commercial trompeuse. Les clients ont été informés des risques encourus en souscrivant un crédit en francs suisses", assure Me Ludovic Malgrain, l'avocat de la banque, auprès du quotidien Les Echos.

sur le même sujet, sujet,

BANQUE - Ces quatre milliards laissés à l'abandon

ZOOM - Une banque de plus en plus virtuelle

ZOOM - Les banques s'adaptent à la crise