Plats au poisson : qu'y a-t-il vraiment dans notre assiette ?

L'association de consommateurs CLCV dénonce un étiquetage limité des produits à base de poisson.
L'association de consommateurs CLCV dénonce un étiquetage limité des produits à base de poisson. © Flickr CC/Julien Haler
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Damien Brunon avec AFP , modifié à
CONSO - L’association de consommateurs CLCV s’inquiète des lacunes en matière d’étiquetage concernant la quantité et l’origine du poisson des plats préparés.

L’INFO. Le scandale des lasagnes au cheval aura permis de clarifier un peu la réglementation sur l'étiquetage des produits à base de viande. Elle reste insuffisante et pour le poisson, c’est pire. Selon la CLCV, les consommateurs ont encore souvent bien du mal à savoir exactement ce qu'ils mangent. Une enquête menée par l'association de consommateurs et dévoilée lundi montre que pour une majorité de produits de la mer, les informations contenues sur les étiquettes restent encore très imprécises, avec un flou savamment entretenu sur les espèces utilisées ou le pourcentage exact de poisson contenu dans chaque préparation.

L’enquête. L'association a étudié les étiquettes de 70 produits à base de poissons (parmentiers, brandade, panés, croquettes, nuggets, rillettes, surimis, soupes et plats cuisinés), issus à la fois de grandes marques et de marques distributeurs, sans faire l'analyse du produit lui-même.

Pas les bons morceaux. A l'issue de cet examen, elle alerte d'abord sur le fait que la plupart de ces produits sont fabriqués non pas à partir de filets de poisson mais plutôt de "chair" ou de "pulpe de poisson". C'est le cas dans 80% des produits examinés.

Et derrière ces termes un peu vagues, il ne faut pas s'attendre à trouver du filet haché, mais plutôt un "mélange peu ragoutant" de chutes de filetage, desquelles sont enlevés tous les morceaux nobles (filet, darne, baron), et auxquelles s'ajoutent des arêtes, de la peau, le tout mixé dans des broyeurs à très forte pression, selon la CLCV.

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Espèce et quantité dissimulées. Par ailleurs, l'analyse des étiquettes montre qu'il est très souvent difficile de savoir exactement quelle quantité de poisson est contenue dans le produit, ni même de quelle espèce il s'agit.

Sur plus de la moitié des produits étudiés, notamment dans les soupes, les surimis et les croquettes, le type de poisson utilisé n'est pas mentionné, "d'où un risque de tromperie des consommateurs", avertit la CLCV. Il est remplacé par des indications floues comme "poisson" ou "poisson blanc". "Est-on en présence de merlu, de cabillaud, de colin ou de saumon ? Impossible de le savoir", explique la CLCV.

Enfin, pour déterminer quelle quantité exacte de poisson on ingurgite lorsqu’on mange par exemple des pâtes au saumon achetées tout prêt, il faut souvent prévoir la calculette, prévient l'association.

Ainsi certains fabricants se contentent de mentionner d'un côté la quantité de poisson dans la farce qui a servi à la préparation, puis le pourcentage de farce dans le produit final, charge ensuite pour le consommateur de faire lui-même les calculs. Au final, 30% des produits étudiés ne fournissent donc aucun pourcentage de poisson explicite, et directement exploitable, dénonce la CLCV.

Origine problématique. Sans être dangereux pour la santé, ces produits restent "de qualité très médiocre", alors même qu'il n'existe aucun "cadre réglementaire ou normatif définissant les procédés d'obtention" de ces ingrédients, explique l'association.

Pas difficile alors d’expliquer la récente affaire autour de l’origine des poissons utilisés pour nourrir les crevettes qu’on trouve dans certains plats cuisinés de grandes marques internationales de distribution, dont Carrefour. Le quotidien anglais The Guardian avait révélé que ceux-ci avaient été pêchées grâce à la traite d’êtres humains en Thaïlande. Europe1.fr, qui avait mené l’enquête, avait d’ailleurs constaté qu’il était excessivement difficile de connaître l’origine précise des crevettes utilisées dans les plats cuisinés dans les rayons français.

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