Energie : les fournisseurs alternatifs en guerre contre les tarifs réglementés

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Alexis Toulon avec AFP , modifié à
JUSTICE - Les prix du marché sont supérieurs aux tarifs réglementés, ce que dénoncent les opérateurs alternatifs devant le Conseil d’Etat lundi.

Dans l’énergie, tous les acteurs ne jouent pas avec les mêmes règles. D’un côté, les opérateurs historiques, EDF pour l’électricité et GDF Suez pour le gaz, ont un tarif réglementé par l’Etat. De l’autre, les  opérateurs privés, comme Direct Energie, qui fixent leurs prix en fonction du marché. Autrement dit, les premiers voient leur prix fixé par une décision politique, l’autre, par l’offre et la demande. Le Conseil d’Etat a lundi la délicate mission d’arbitrer ces deux systèmes qui jouent avec des règles différentes. Car, l’ANODE, l’organisation qui défend les intérêts des opérateurs alternatifs, estime que le gouvernement a triché en limitant l’augmentation du prix de l’électricité et demande un rattrapage.

Comment se fixent les prix de l’électricité ? Que l’on soit EDF ou un fournisseur privé, il faut payer l’utilisation des réseaux publics d’électricité dont le prix est fixé par décision ministérielle sur proposition de la Commission Régulation de l'Energie (CRE). En effet, le réseau est le même jusqu’au compteur, les fournisseurs ne font que le louer. La différence entre historique et alternatif se fait ensuite. EDF facture le tarif de fourniture, qui est la différence entre le tarif réglementé et la somme du tarif d’utilisation du réseau et qui doit permettre de couvrir les coûts de production et les coûts commerciaux d’EDF. Les opérateurs alternatifs, eux, fixent librement le prix de la fourniture. Plus le prix de l’opérateur historique est bas, moins ils peuvent jouer sur ce poste pour gagner de l’argent, car ils seraient rapidement trop chers pour concurrencer le géant.

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Augmenter les prix pour relancer l’investissement. En 2012 pour protéger le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement avait choisi d’augmenter les prix de l’électricité de seulement 2%. C’est ce point que dénonce devant le Conseil d’Etat l’ANODE. En effet, selon l’organisation, cette hausse est trop faible pour couvrir les frais de production, ce qui plombe le marché. L’intérêt d’augmenter le tarif réglementé est de permettre aux opérateurs alternatifs d’augmenter leurs marges, afin de relancer l’investissement dans leur secteur. Et le représentant s’inquiète pour les intérêts des entreprises qu’il défend : moins de "8% des clients ont aujourd'hui quitté les tarifs réglementés", a-t-il déploré.

Deux poids, deux mesures ? "Politiser les tarifs de l'électricité est absurde, cela ne fait que retarder des hausses inévitables et d'autant plus douloureuses", a déclaré Fabien Choné, président de l'ANODE. Il rappelle que le CRE avait préconisé un rattrapage de 7,6% pour l'année 2012, soit une charge supplémentaire de "40 à 50 euros en moyenne" par consommateur, dont le paiement pourrait s'échelonner.  Les tarifs de l'électricité, longtemps très modérés en France, ont augmenté de 5% en 2013 et grimperont d'autant en 2014. Fabien Choné estime pour sa part "qu'en "2015 il faudra encore 5%" de hausse pour que les prix ne soient pas maintenus "à un niveau artificiellement bas".

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