Lincoln, de chair et d’os

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Steven Spielberg fait le portrait intime d’Abraham Lincoln à travers un combat politique décisif pour l’histoire de son pays : l’abolition de l’esclavage. 

Raconter Lincoln oui, mais comment ? Le personnage fascine Steven Spielberg depuis toujours, mais raconter son destin exceptionnel n’était pas chose aisée, même pour un passionné. Après plusieurs essais, le scénario de Tony Kushner (scénariste de Munich) relate par le détail les derniers mois tumultueux de la vie du 16e président des Etats-Unis, avant son assassinat le 15 avril 1865.

Dans une nation meurtrie par la guerre de Sécession qui oppose les Etats esclavagistes du Sud aux Nordistes abolitionnistes, c’est de l’intérieur du système que Lincoln engage son combat, guidé par ses convictions profondes. Conscient de la responsabilité d’une charge qu’il lui faut assumer seul, et contre les conseils de ceux qui l’encouragent à préserver sa popularité, il met tout en œuvre pour faire adopter par la Chambre des représentants le 13e amendement qui mettra fin à l’esclavage.

Découvrez la bande-annonce du film : 

  

Le choix du portrait intime

Alors que la guerre civile met à mal la démocratie, Lincoln se trouve confronté à la menace d’une nation divisée. Le film raconte, avec une résonance patriotique assumée, la ténacité d’un président, aimé et admiré, engagé dans un combat politique vu de l’intérieur : aux scènes de guerre, Spielberg préfère ainsi les débats qui animent tour à tour la Maison-Blanche ou la Chambre des représentants. On lui a reproché un film long et un peu bavard. C’est pourtant l’originalité de Spielberg qui choisit le portrait intime et l’aridité des débats -effectivement quelque peu techniques- à l’héroïsme de scènes de guerre.

Pour incarner cette figure, Daniel Day-Lewis, notablement vieilli, est tout simplement époustouflant. A commencer par la ressemblance physique frappante. Il parvient à rendre le génie politique d’un Lincoln fait de chair et de sang.

The Louizz se penche sur Lincoln cette semaine ! 

Dans un portrait où transparaît sa propre admiration, Spielberg nous montre la brillante intelligence de Lincoln, la finesse de son humour, son humanité et le sentiment de responsabilité du président envers les siens après la perte d’un fils. Nous découvrons les rapports conflictuels de Lincoln avec son épouse, Mary Todd Lincoln (brillamment incarnée par Sally Field) femme de caractère mais dévastée par la tristesse.  

Avec Lincoln, Spielberg réussit un film qui s’éloigne de la lisse reconstitution pour s’intéresser à l’énergie politique d’un homme poussé par ses intuitions et qui en devient profondément attachant.

Réécoutez Au coeur de l'histoire de Franck Ferrand, consacré à Lincoln : 

 

Lincoln, de Steven Spielberg, avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones. Sortie sur les écrans le 30 janvier 2013.