ZSP : pour Valls et Taubira, ça marche

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et Guillaume Biet , modifié à
Le ministre de l'Intérieur assure que les Zones de sécurité prioritaires font reculer la délinquance.

L'heure est au bilan. Huit mois après la création des premières Zones de sécurité prioritaires, Manuel Valls et Christiane Taubira ont fait le point lundi à Lyon sur l'une des promesses phares de la campagne de François Hollande. Élus, responsables associatifs, policiers et gendarmes ont confronté lundi leur expérience et leur point de vue sur ce nouveau dispositif censé lutter contre la délinquance ancrée dans les quartiers difficiles. De son côté, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, est formel : l'instauration de Zones de sécurité prioritaires a clairement permis de faire baisser la délinquance. Europe1.fr fait le point.

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Qu'est-ce qu'une zone de sécurité prioritaire ? Lancée en septembre dernier, les Zones de sécurité prioritaires consistaient à "mettre en place une action de sécurité renforcée sur des territoires bien ciblés, caractérisés par une délinquance enracinée et de fortes attentes de la population". On en compte 64 aujourd'hui,  principalement concentrées autour des grosses villes, dans le Nord, le Sud, la région Parisienne et le bassin grenoblois.

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Que disent les premiers chiffres ? Sur les 15 premières ZSP mises en place il y a huit mois, certains chiffres sont plutôt encourageants. Pour les 49 autres ZSP, il est encore un peu tôt pour dresser un véritable bilan. "C'est sur plusieurs mois que nous pourrons avoir un instrument de mesure de l'efficacité réelle", abonde Jacques Beaume, le Procureur général de la Cour d'appel de Lyon.

Mais concernant les 15 premières villes à avoir mis en place ce dispositif - comme Saint-Denis, Saint-Ouen ou encore à Lille-sud et Strasbourg - les arrestations pour des affaires de drogue ont fortement augmenté. Dans le 18e arrondissement de Paris, il y a par exemple deux fois moins de prostituées. A Barbès, quartier chaud de la capitale, la police a elle aussi pointé les "résultats probants" notamment contre le trafic de stupéfiants et les vendeurs à la sauvette. A Lunel, dans l’Hérault, le nombre de cambriolages a presque diminué de moitié, soit moins 46%.

En janvier, il avait par ailleurs été annoncé une baisse de 42% des violences urbaines dans les quartiers Nord d'Amiens, secoués par des émeutes pendant l'été. Les vols dans les voitures y ont diminué de 40% et les cambriolages de 27%, selon l'Intérieur.

Qu'en disent les deux ministres ? Manuel Valls et Christiane Taubira, qui ont chacun arpenté les quatre ZSP de Lyon, ont souligné que ces zones étaient un "engagement" de campagne du président de la République qui est "tenu".  "On enregistre des baisses de la délinquance, des trafics, de la violence et une augmentation des taux d'élucidation", a-t-il énuméré, sans pour autant donner de chiffres précis. Manuel Valls a également balayé d'un revers de main les critiques sur le déplacement de la délinquance en dehors des Zones de sécurité prioritaires. Un constat confirmé par certains préfets qu'Europe 1 a pu rencontrer.

taubira valls

La garde des Sceaux a, pour sa part, estimé que l'on venait d'entrer "dans une phase gratifiante où l'on pouvait mesurer l'efficacité des nouvelles méthodes de travail" qui misent sur un rapprochement entre services de police et de justice. "Les résultats sont appréciables et tangibles", a-t-elle dit, sans donner de chiffres non plus.

Et maintenant ? Le ministre a indiqué qu'une partie des 500 postes supplémentaires de policiers créés chaque année serait affectée aux Zones de sécurité prioritaires. Ainsi, dès le premier septembre, près de 270 policiers et gendarmes supplémentaires seront affectés dans les ZSP. Dix effectifs supplémentaires dans dix ZSP (Nîmes, Grigny, Dreux, Grenoble, Nancy, Creil, Mulhouse, Amiens, Montbéliard et Cayenne), cinq effectifs supplémentaires à Saint-Dizier et Annemasse et trois effectifs supplémentaires dans chacune des 52 autres ZSP.

Le ministre de l'Intérieur a également précisé qu'un redéploiement sur le terrain serait réalisé en 2014 et que 278.000 euros seraient débloqués, en plus des 3 millions attribués aux ZSP, pour financer l'équipement de nouvelles caméras de surveillance dans ces quartiers.

Et côté justice ? Pour encore plus d'efficacité, Christiane Taubira vient d’adresser à tous les procureurs généraux une circulaire, à laquelle Europe 1 a eu accès, et qui incite à nouveau les magistrats à s'impliquer pleinement dans ce dispositif, dont elle veut une évaluation à la rentrée.

Les ZSP impliquent également un partenariat avec l'Education nationale, les bailleurs sociaux, les mairies. Concernant ce volet, il faudra encore du temps pour obtenir un bilan global.