Quand le père de Leonarda s'arrange avec la vérité

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avec Gwendoline Debono et agences , modifié à
Pour obtenir l'asile, il a affirmé aux autorités françaises que sa famille était kosovare, alors qu'elle est italienne.

"Nous avons menti aux autorités". Le père de Leonarda, la collégienne expulsée de France avec sa famille, a déclaré jeudi avoir menti aux autorités françaises. Pour obtenir l'asile, il avait assuré aux autorités françaises que sa femme et ses enfants étaient d'origine kosovare. En réalité, la famille viendrait d'Italie.

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"Nous avons menti aux autorités". "Toute la famille, ma femme et mes enfants, sont nés en Italie. Ils n'ont rien à voir avec le Kosovo", révèle Reshat Dibrani, qui est pour sa part né au Kosovo. "Ils sont nés en Italie et puis nous sommes venus en France. Nous avons menti aux autorités en disant que nous étions du Kosovo", poursuit le père de famille interrogé par Reuters. Nous avons demandé l'asile en France et nous ne pouvions pas montrer nos papiers italiens. Nous avons dit que nous avions fui le Kosovo", ajoute cet homme de 43 ans.

Reshat Dibrani a en effet rapporté aux autorités françaises que sa famille venait du Kosovo pour augmenter ses chances d'obtenir l'asile et donc les aides qui vont avec. En disant que sa femme et ses enfants étaient italiens, donc d'un pays ressortissant de l'Europe, Reshat Dibrani ne pouvait demande l'asile pour sa famille. Il a donc assuré qu'ils étaient du Kosovo, pays instable, hors de l'Union européenne.

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Un faux certificat de mariage. Et ce n'est pas le seul point sur lequel le père de famille s'est arrangé avec la vérité. "J'ai acheté un faux certificat de mariage 50 euros pour avoir plus de chances d'avoir les papiers. C'est normal, tout le monde fait ça", raconte le père. Reshat Dibrani perçoit la falsification comme une forme de survie pour offrir une vie meilleure à sa famille.

"Nous ne savons pas quoi faire avec cette famille". Depuis leur expulsion vers le Kosovo, le gouvernement kosovar verse une aide mensuelle de 150 euros pour leur hébergement au deuxième étage d'une maisonnette dans un quartier populaire de Mitrovica, ville du nord du pays. Une aide qui ne peut pas durer puisque la famille n'est pas kosovare. "Nous ne savons pas quoi faire avec cette famille. Elle n'est pas du Kosovo", déplore un responsable kosovar sous couvert de l'anonymat. "Ils n'ont en fait aucune nationalité" résume un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur au Kosovo, interrogé par Europe 1.

"Papa, qu'est-ce que tu nous as fait ?" Il n'y a que le père qui soit né au Kosovo", ajoute-t-il. Reshat Dibrani dit en effet avoir quitté le Kosovo en 1973 ou 1974 et être prêt éventuellement à y rester. Les enfants eux ne l'entendent pas de cette oreille. "Les enfants ont peur parce qu'ils ne connaissent pas la langue, ici. Ils pleurent nuit et jour. Ils disent, 'Papa, qu'est-ce que tu nous as fait ?' Je leur dit que ce n'est pas ma faute mais celle de la France", déclare-t-il.

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© Capture écran France 24

Leonarda avait d'ailleurs confié à Europe 1 qu'elle "ne se sentait pas bien" au Kosovo. "J'ai vraiment peur de sortir ici. Les Roms ne sont pas les bienvenus ici. Si je vais en cours avec des Albanais, ils vont me taper dessus", s'inquiétait-elle. "Ici, je ne parle pas la langue, je ne la comprends pas, j'ai peur que les gens se moquent de moi", a-t-elle précisé à Reuters. Personne dans la famille ne semble en effet parler albanais. Les enfants parlent français, italien et un peu rom. Leurs noms - Maria, Leonarda, Roki, Ronaldo, Hasani et Medina - sonnent d'ailleurs pour la plupart italien.