Armes : où en est le trafic ?

Près de 3.500 armes ont été saisies en France en 2011. Et sur ces 3.500 armes, 3% sont des armes qui tirent en rafale de type Kalachnikov.
Près de 3.500 armes ont été saisies en France en 2011. Et sur ces 3.500 armes, 3% sont des armes qui tirent en rafale de type Kalachnikov. © REUTERS
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avec Guillaume Biet , modifié à
DECRYPTAGE - Les armes automatiques circulent illégalement. D’où viennent-elles, qui les utilisent ? 

Deux fusillades meurtrières en moins de 24 heures à Marseille. Et par deux fois, les malfaiteurs ont tiré à l'arme de guerre, en utilisant des kalachnikovs. D'où sortent toutes ces armes lourdes ? Qui les utilisent ? Europe 1.fr décrypte le trafic autour de ces armes mortelles.

Combien de fusils mitrailleurs ou de kalachnikovs en France ?
Il est impossible de le savoir précisément. Tout simplement parce que ce sont des armes interdites. En revanche, on sait combien les policiers et les gendarmes en saisissent.

Philippe Nobles, est le chef de la section centrale "armes, explosifs et matières sensibles". Depuis le début de l'année, explique-t-il au micro d’Europe 1, "près de 3.500 armes ont été saisies. Et sur ces 3.500 armes, 3% sont des armes qui tirent en rafale. Donc on peut penser que c’est une petite proportion. Mais c’est une proportion qui représente un danger énorme".

Moins de 3%, cela fait donc une centaine d'armes de ce type, saisies sur tout le territoire depuis le début de l'année.

Combien coûte une kalachnikov ?
Dans les pays de l'Est, ça coûte quelques centaines d'euros. En France, d'après les enquêteurs, une arme de ce type se vend entre 2.000 et 3.000 euros.

Qui utilise ce type d’armes ?
La plupart du temps, ce sont les gros braqueurs, ceux qui s'attaquent aux fourgons blindés, par exemple. Les trafiquants de drogues les utilisent aussi pour impressionner leurs concurrents.

Et puis, il y a aussi les petits braqueurs, qui veulent une kalachnikov parce que c'est devenu une arme mythique. Il faut avoir sa "kalach" pour être pris au sérieux.

Seulement, dans les cités, ils ne peuvent pas forcément s'en offrir. Alors ils mutualisent : c'est-à-dire qu'ils les achètent à plusieurs. Ils les cachent dans les parties communes d'un immeuble et ils se les prêtent, ou se les louent les uns les autres, en fonction de leurs besoins.

D’où viennent ces armes ?
Par définition, ces armes de guerre viennent toujours des zones de conflit. Depuis 15 ans, ce sont surtout les stocks d'armes des Balkans qui ont alimenté l'Europe. Mais les douanes et les services de renseignement s'intéressent de près à la Libye, qui pourrait bientôt constituer une nouvelle filière d'approvisionnement.

Le phénomène se développe-t-il, comme à Vitrolles, lundi, où des voleurs de supermarché avaient une kalachnikov ?
Le cas de Vitrolles est particulier car ce n'était pas de simples cambrioleurs de supermarché. Les malfaiteurs de Vitrolles étaient chevronnés. Ils avaient déjà attaqué bon nombre de magasins à la disqueuse. C'est une équipe structurée, déterminée et donc lourdement armée.

Va-t-on vers une situation similaire à celle des Etats-Unis, avec énormément d’armes en circulation ?
En France, le nombre d’armes saisies est assez stable depuis une dizaine d’années. Il n’y a donc pas de plus en plus d’armes qui circulent sur le territoire. De plus, il y a tout juste un an, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux promettait de mieux lutter contre le trafic d'armes avec une nouvelle loi. Mais un an plus tard, la loi n'est pas encore votée. Elle est toujours en cours d'examen au Parlement.